Histoire 04 juin 2011

Notes du passé – Les Manisotra, aînés des Mainty

Quand Andrianampoinimerina réorganise le pays de l’Imerina pacifié, fidèle à sa stratégie politique, il place ses épouses, filles de roitelets qu’il a vaincus, sur les collines entourant Ambohimanga et Antananarivo. Elles en sont les héritières légitimes (lova tsy mifindra intsony). Et ce, afin de bloquer toute velléité de révolte populaire dans ces territoires, mais aussi […]

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Quand Andrianampoinimerina réorganise le pays de l’Imerina pacifié, fidèle à sa stratégie politique, il place ses épouses, filles de roitelets qu’il a vaincus, sur les collines entourant Ambohimanga et Antananarivo. Elles en sont les héritières légitimes (lova tsy mifindra intsony). Et ce, afin de bloquer toute velléité de révolte populaire dans ces territoires, mais aussi pour assurer l’unité des Merina.

De ces femmes, Andrianampoinimerina a des descendants regroupés dans la caste noble des « Izimirahalahiavy, Izimianadahiavy » « qui devaient diriger les « menabe », terres du domaine royal (mot dérivé de « omena be », à qui on donne la plus grosse part).

Quand il demande aux « ambaniandro » de rejoindre leurs « tanin-drazana » (terres ancestrales), le grand roi répartit aussi les « Mainty enin-dreny », la troisième classe des sujets libres de son royaume, après les Andriana et les Hova: les Manisotra dans le Vakinisisaony, les Manendilahy (Anativolo et Anosivolo) dans le Marovatana et les Tsiarondahy ou « Mainty telo reny ».

Ces derniers sont originaires d’Ambohipoloalina, de Manjakaray et de Faliary-Tanjombato. C’est parmi eux que le souverain choisit ses proches serviteurs: les Tandapa, corps des domestiques royaux à ne pas confondre avec les officiers du Palais; les Tandonaka, les Hova autrefois esclaves et rachetés par le souverain pour devenir ses serviteurs; et les Tsimandoalahy, messagers royaux. Ils bénéficient, en outre, de la faveur de ne jamais avoir de biens tombés en déshérence, tandis que les Manisotra et les Manendy sont assujettis aux différents impôts de l’époque.

Une tradition issue d’Alasora affirme qu’Andrianampoinimerina, dans son Kabary de réorganisation de l’Imerina en six territoires, décide d’y répartir cette troisième classe des Merina, « tout en précisant que les Manisotra restent au premier rang »: les Manisotra et les Mainty de Mangarano en occuperont le tiers; les Anativolo et Ambohipoloalina, un autre tiers; et les Anosivolo et Manjakaray, le dernier tiers. Cette tradition souligne qu’Andrianampoinimerina a bien précisé que « même s’ils sont répartis géographiquement, ce sont des enfants d’Avaradrano ».

Concernant la hiérarchisation des Mainty, la même tradition venue d’Alasora insiste qu’à partir d’Andrianampoinimerina, ce sont les Manisotra qui ont le droit d’aînesse, succédant ainsi aux Manendy. Le souverain voulant ainsi marquer sa reconnaissance envers eux pour avoir « libéré » Ambohibeloma-nord.

En effet, quand le grand monarque décide de s’emparer de la citadelle de Rabasivalo et des grands Tsimahafotsy, ses hommes se sont enfuis devant la dureté de la résistance. Finalement, il y envoie les Manisotra, connus comme tous les Mainty pour leur bravoure et leur endurance. Ils arrivent à vaincre Ambohibeloma.

Selon toujours cette croyance d’Alasora, le roi réunit alors tous les Mainty à Amboara, dans l’Avaradrano, où il fait abattre un bœuf qu’il partage en six morceaux. De même, il répartit des piastres en six tas et il leur demande, par « Reny » d’en prendre à commencer par Manjakaray puis Ambohipoloalina, Mangarano et Faliaro, Anosivolo et Anativolo, et enfin les Manisotra. Mais quand il distribue la viande, il commence par la fin, c’est-à-dire par les Manisotra, « vos aînés » en terminant par Manjakaray.

Les Manendy protestent cependant car, en fait, les Manisotra sont les derniers à reconnaître Andrianampoinimerina. Mais celui-ci rétorque en leur expliquant que « les Manisotra appartiennent à Andriamasinavalona, qu’aucun Mainty ne peut les devancer et que tout Mainty doit les considérer comme ses aînés ». Ce que les Hova Tsimahafotsy confirment.

Après quoi, Andrianampoinimerina les réunit à nouveau à Antsahatsiroa, puis à Andohalo où devant tous ses sujets, il présente les « Mainty enin-dreny », « pour qu’ils soient vos enfants même s’ils demeurent ceux d’Avaradrano». Et comme toujours, quiconque enfreint cette décision royale risque la peine de mort.

Extrait l’Express de Madagascar – Samedi 04 juin 2011

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