Actus Madagascar 18 septembre 2009

Notes du passé – Une maison bénie pour l’enfant

«Dès sa naissance jusqu’à sa mort, le Malgache va vivre entouré de magie» (M. Dominjoud, Genève 06/12/58). D’origine indonésienne, la civilisation malgache est enrichie par des apports arabes, «notamment en ce qui concerne le développement de la magie et l’art de la divination». Il est généralement admis que la religion du Malgache est un mélange ...

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«Dès sa naissance jusqu’à sa mort, le Malgache va vivre entouré de magie» (M. Dominjoud, Genève 06/12/58). D’origine indonésienne, la civilisation malgache est enrichie par des apports arabes, «notamment en ce qui concerne le développement de la magie et l’art de la divination».
Il est généralement admis que la religion du Malgache est un mélange de monothéisme et de fétichisme. «Il croit en un Dieu suprême créateur du ciel et de la terre, Zanahary pour les Sakalava, Andriamanitra le Noble parfumé pour les Hova et les Betsileo. Mais il révère aussi des divinités secondaires, esprits de la nature, génies».
C’est cependant le culte des ancêtres et les pratiques de la magie qui forment la trame de sa vie spirituelle. Les ancêtres, protecteurs naturels et «intermédiaires constants avec le Dieu suprême», sont intimement liés à toute la vie des Malgaches: «Demandez par la bouche de vos ancêtres le bien que vous désirez que Dieu vous fasse».
La naissance de l’enfant se déroule dans une maison rectangulaire à deux pans, orientée nord-sud. Orientation qui résulte d’une règle rituelle et de la nécessité de tenir compte du climat et de la direction des vents. En effet, l’alizé qui apporte les pluies, arrive du Sud-Est : la maison doit tourner le dos au mauvais temps. La porte et la fenêtre sont percées sur la face ouest.
Elle est construite selon des rites prescrits et meublés suivant des lois astrologiques. Selon Dominjoud, les 12 mois lunaires de l’année qui correspondent aux constellations du Zodiaque, fixent des destins. Ceux-ci correspondent à des emplacements de la maison et conditionnent la place du mobilier. Par la disposition constante des meubles, la maison constitue une «sorte de cadran solaire qui permet de connaître approximativement l’heure suivant le point frappé par les rayons du soleil».
Par exemple, il est 8 heures lorsque le soleil paraît au-dessus du toit; 11 heures lorsqu’il arrive au seuil; 12 heures quand il est au-dessus du faîte (soleil vertical); 14 heures au moment où ses rayons frappent le mortier à riz (placé dans l’angle sud-ouest);
15 heures quand il éclaire l’endroit où est attaché le veau, etc.
L’angle nord-est (zoro firarazana) est le coin des ancêtres, les points cardinaux bénéfiques étant le Nord et l’Est. «Libre de meubles, il est garni de nattes sur lesquelles s’acroupit le chef de famille lorsqu’il adresse ses prières aux parents défunts; c’est dans cet angle que sont placés les ody, talismans de famille. Le lit du maître se trouve le long du mur de l’est près du coin des ancêtres. Le silo et le mortier à riz sont dans l’angle sud-ouest qui correspond au destin favorable d’Asombola; grâce à lui, le silo sera toujours plein».
L’inauguration d’une nouvelle maison se fait un jour faste, fixé par le devin. Le premier feu doit être apporté par une jeune fille dont le père et la mère sont encore vivants (donc elle n’a pas d’attache avec la mort). On le place dans le foyer après une invocation aux ancêtres.
Lorsqu’il s’agit d’un édifice royal, plus important et plus durable, un sacrifice complète les rites. Un coq rouge est tué et son sang répandu dans un trou creusé à la base du poteau ancestral. La solidité du bâtiment est ainsi mieux assurée.
Si l’enfant naît un jour néfaste, dont le destin pourrait influencer défavorablement celui de ses parents, on lui donne un nom destiné à conjurer le sort, tel «Ramorasata» (celui au doux sort); ou un nom à sens péjoratif comme «Rafiringa» (fumier); ou encore on le confie à un proche. «Autrefois, ces enfants étaient mis à mort par abandon dans la brousse».
Néanmoins, pendant les cinq ou huit premières années, l’enfant est simplement dénommé Koto (garçon), Ketaka ou Kala (fillette). «Car les Malgaches croient que si l’enfant porte son vrai nom, les mauvais esprits pourraient s’emparer de lui ou lui nuire».
Selon Dominjoud, cette même croyance se retrouve en Chine où le garçonnet porte souvent le nom d’un animal (chaton, chiot) ou celui d’une fille. Ce, dans le but d’induire en erreur les esprits malins qui voudraient lui nuire, «mais qui n’ont aucun intérêt pour les animaux et… pour les filles!»
Lorsqu’il recevra son vrai nom, l’enfant «sera tatoué» pour la première fois et la cérémonie sera accompagnée d’un sacrifice aux divinités.

Extrait l’Express de Madagascar – Edition n° 4414 du 18-09-2009

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