Actus Madagascar 23 octobre 2009

Notes du passé – Grandes escroqueries financières à Fianarantsoa

En 1899, il n’existe à Madagascar que 21 exploitants miniers détenant 43 permis pour 100 lots de terrains aurifères. Les permis de recherches sont au nombre de 165. La production atteint environ 386 kg. En 1900, la découverte d’un important gisement`dans la région d’Ampasy-Mananjary devait permettre à la production de faire un bond en avant. ...

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En 1899, il n’existe à Madagascar que 21 exploitants miniers détenant 43 permis pour 100 lots de terrains aurifères. Les permis de recherches sont au nombre de 165. La production atteint environ 386 kg.

En 1900, la découverte d’un important gisement`dans la région d’Ampasy-Mananjary devait permettre à la production de faire un bond en avant. Les permis de recherches sont pour cette année-là au nombre de 440, mais 200 restent inutilisés, 46 exploitants détiennent 73 permis pour 208 lots. La production de l’or dépasse pour la première fois la tonne. Jusqu’en 1904, tout le monde se précipite sur les terres réputées aurifères.

D’après Charles Richard, docteur en histoire (Bulletin de Madagascar, mars 1970), l’affaire Lecomte éclate au milieu de cette fièvre de l’or. Dans les débuts de 1904, se répand le bruit qu’à Anorivolo ou Imaina, dans la région de Fianarantsoa, M. Lecomte a découvert une poche d’or d’où l’on aurait extrait des pépites et de l’or à gros grain. Lecomte n’hésite pas à affirmer que toute la montagne est aussi richement minéralisée. Une ruée s’ensuit sur la région de Fianarantsoa. Les terrains de la nouvelle ville s’achètent à des prix avantageux. Toute la zone se couvre de piquets.

Des prospecteurs du Transvaal, déjà nombreux à Madagascar, alertent des exploitants aisés de leur pays. Les gens du Transvaal s’intéressent depuis fort longtemps à l’or malgache. Les difficultés d’exploitation de l’or en Afrique du Sud obligent les industriels à investir de fortes sommes dans de véritables usines. Aussi surveillent-ils attentivement toutes les nouvelles possibilités offertes par la Grande île voisine.
Dès que sont connues les découvertes de Lecomte, un ingénieur est dépêché à Fianarantsoa. Jones, homme d’affaires, et Smith, ingénieur, déclarent dans leur premier rapport que «nul gisement au monde n’est comparable à celui d’Imaina». Après avoir pris une option, Jones repart au Transvaal. À Johannesburg se forme aussitôt une société Le Syndicat Roberts ou Lecomte Syndicate.
En juin 1905, d’autres Sud-Africains achètent à Lecomte les piquets de la région d’Anjiva où l’on décèle en pleine montagne des teneurs analogues à celles d’Imaina. Une autre société est créée, le W-B Syndicate.

Mais très vite, une contre-expertise menée par un ingénieur très apprécié du nom de Pope, révèle que les acquéreurs d’Anjiva ont fait l’objet d’une habile mystification. Les échantillons ont été «salés». Le groupe sud-africain composé d’amis fort riches, considèrent leur mise de fonds (375 000 francs) comme perdus et n’intentent aucune action contre Lecomte.

Cependant, mis en défiance par cette déconfiture, les actionnaires du Syndicat Roberts demandent à leur tour une contre-expertise. Dès le mois d’août 1904, il se confirme que les premiers rapports, dont un de Pope, sont erronés. Pendant ce temps, les actions du Syndicat Roberts émises à une livre et qui ont plafonné à 22 livres à Johannesburg, retombent à quelques shillings.

Pour expliquer ses erreurs initiales, Pope déclare: «Avons questionné Griffith qui a avoué, en présence de Parr et Harris, avoir salé les échantillons». Parr, un des directeurs à Madagascar du Syndicat, porte plainte après de longues hésitations contre Griffith pour complicité de falsification de concert avec Gange, contremaître de M. Lecomte. Mais aucune suite judiciaire ne devait être donnée aux deux affaires.
Le W-B Syndicate, sur un capital de 50 934 livres, ne peut rembourser que 1 000 livres à ses participants. Le colonel Woods Sampson est même obligé de vendre ses propriétés à Johannesburg. De même, les actionnaires du Syndicat Roberts en sont pour leurs frais.

Les terrains sont revendus les 18 et 24 avril 2005. Et le 4 septembre, le Dr Besson, administrateur en chef de Fianarantsoa, écrit au gouverneur général: «J’ai le regret de vous rendre compte que la situation de la province au point de vue aurifère, s’est considérablement modifiée au cours du mois dernier. Il serait plus exact de dire que notre situation aurifère actuelle, envisagée sur son vrai jour, a fait s’écrouler les châteaux de cartes échafaudés sur les espérances chimériques conçues depuis l’arrivée de l’Anglo-Transvalien Jones. C’est la faillite de nos espérances».

Dès novembre, il n’y a plus de prospecteurs anglais dans la région de Fianarantsoa.
«The Transvaal Leader» du 22 décembre 1905 écrira: «La séance d’enterrement ainsi que l’a nommé lugubrement un actionnaire, ajoute une nouvelle page à la sinistre histoire des mines d’or à Madagascar. Il est impossible de parcourir le rapport sans être frappé par l’audace et l’importance de ce qui a été décrit comme l’une des escroqueries les plus délibérément réfléchies qui aient jamais été tentées dans le monde entier».

Lecomte restera l’unique bénéficiaire du rush!

Extrait l’Express de Madagascar – Edition n° 4444 du 23-10-2009

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