Actus Madagascar 21 novembre 2009

Notes du passé – La guerre des services des renseignements français

«Le moment paraît venu de retirer aux officiers chargés de renseignements, un service de police urbaine qui n’est pas dans leurs attributions normales et qui fait double emploi avec celui de la police civile. En même temps, je vous serais obligé de vouloir qu’elles soient tenues à la disposition de l’autorité administrative et jusidicaire» (lire ...

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«Le moment paraît venu de retirer aux officiers chargés de renseignements, un service de police urbaine qui n’est pas dans leurs attributions normales et qui fait double emploi avec celui de la police civile. En même temps, je vous serais obligé de vouloir qu’elles soient tenues à la disposition de l’autorité administrative et jusidicaire» (lire notre précédente Note).
C’est dans une lettre envoyée au général Voyron que le résident général fait part de cette proposition. Le général Voyron est d’accord et conclut: «Les personnes arrêtées dernièrement sont maintenant à la disposition de l’autorité administrative et judiciaire».
Mais le service des renseignements militaires n’en tient pas compte. Le résident Pradon chargé des enquêtes sur les faits d’insurrection, cherche le 9 juillet à interroger le sous-gouverneur d’Ampanotokana, arrêté et détenu par ordre de ce service. Il lui est répondu que le Lt Peltier «se réserve ce prisonnier».
Dans son rapport de quinzaine, Hippolyte Laroche souligne ainsi qu’il y a «une confusion de pouvoirs avec un officier d’infanterie s’arrogeant les fonctions de préfet de police, indépendant de la résidence générale et entravant l’action de ses délégués».
Mettant en doute le bien-fondé des enquêtes menées par les militaires, Hippolyte Laroche en arrive à se demander si l’insurrection des Menalamba a vraiment une direction unique. Il tend même à y voir une variante des mouvements «fahavalistes» (des ennemis de la France), «hétérogènes, périodiques à Madagascar», et qui en 1896 se développe plus qu’à l’ordinaire. Cela s’explique, estime-t-il, par «l’affaiblissement momentané des forces de résistance, suite inévitable dans les provinces du désarmement rigoureux et la substitution d’un personnel entièrement nouveau au personnel ancien des gouverneurs et Manamboninahitra (officiers généraux)».
Pour étayer sa théorie, le résident général soutient que rien ne semble révéler une direction unique. Selon lui, si les insurgés ont certaines intelligences dans la capitale, c’est plus que probable; mais rien n’indique que ces sympathies soient agissantes. «Il faut surtout repousser l’idée de complicité dirigée gratuitement par le gouvernement malgache».
Il argumente en précisant qu’aucune trahison ne s’est produite de la part des fonctionnaires nommés par ce gouvernement depuis son arrivée. Que certains ont tenu tête aux insurgés et ont su les vaincre. Que d’autres, moins habiles ou trop nouveaux pour bien comprendre et utiliser les ressources des postes qui leur sont confiés, ont néanmoins cherché à faire leur devoir et «l’ont prouvé en mourant». Parmi ces derniers, il cite le 12 hrs Rafaralahibedaoro et sept officiers brûlés à Manjakandriana le 30 avril; le 12 hrs Rabanona, gouverneur d’Antsirabe mort le 29 avril après avoir reçu trois blessures; le 13 hrs Rakotovoalavo, gouverneur général du Vonizongo, tué à coups de fusils et de sagaies avec ses cinq officiers le 11 juin; le 11 hrs Ratsimanohitra, gouverneur d’Ambatomanga, n’est pas mort, lui, mais il est transporté à l’hôpital de Soavinandriana atteint de blessures dont deux graves le 28 juin…
Hippolyte Laroche en indiquant les grades de ces officiers, en profite pour préciser que dans les rangs de l’insurrection, il n’y a pas un seul personnage de marque. «Les insurgés se mettent à s’attribuer des honneurs, mais il est indiscutablement établi que ceux qui se qualifient 13 ou 12 hrs n’en ont en réalité que 8 ou 9, et le plus souvent pas du tout».
En fin de compte, le procureur général confie à son substitut Dauran-Forgues qui fait fonction de président du tribunal d’Antananarivo, l’instruction de l’affaire du complot dénoncé par le service des renseignements militaires. Le résident général espère que l’instruction aboutisse à la mise hors de cause de la plupart des personnalités incriminées, faute de relever contre elles soit une preuve, soit une simple présomption. «Dès le premier jour, le magistrat fait mettre en liberté le secrétaire de Rasanjy, dont l’arrestation était inexplicable».
Cela ne devra pas cependant empêcher la justice de s’efforcer de découvrir soit un autre complot s’il en existe, soit «quelques manœuvres ou quelques actes impliquant connivence avec les rebelles». C’est dans ce sens qu’Hippolyte Laroche fait arrêter certaines personnes, dont la plus connue est le chef des Tsimahafotsy Ravelonanosy.
«Il venait me voir et cherchait par ses relations avec moi, soit à se couvrir contre les soupçons, soit à se donner plus d’importance vis-à-vis du peuple. Son attitude, ses démonstrations de dévouement, son langage m’ont paru plus affectés que sincères et m’ont déterminé à le surveiller discrètement».

Extrait l’Express de Madagascar – Edition n° 4469 du 21-11-2009

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