Parenthèses de vie 10 décembre 2010

Société – Dr Maurice Collin : Améliorer le quotidien des gens, ne pas s’habituer à leur misère

Après 30 ans de pédiatrie à Grenoble, le Dr Maurice Collin a décidé, en accord avec son épouse et ses 4 enfants, de se consacrer bénévolement aux plus démunis dans le monde...

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Après 30 ans de pédiatrie à Grenoble, le Dr Maurice Collin a décidé, en accord avec son épouse et ses 4 enfants, de se consacrer bénévolement aux plus démunis dans le monde.
Pour que l’aide aux pays pauvres ne soit pas «l’argent des pauvres des pays riches qui va vers les riches des pays pauvres », il est nécessaire d’aller sur place, nous confie –t-il, pour éviter les pièges, et engager des actions avec des personnes de confiance. Il fait trois séjours par an, de un mois et demi à Madagascar, en RD du Congo et au Niger. Pour engager une action, il a deux critères: L’action doit être porteuse d’espoir et améliorer réellement la vie des gens du pays; et elle doit répondre à un besoin et surtout à une demande de la population. Il a fait sien cette phrase d’un chef de village dans le Bas-Congo: « Ce que tu fais pour moi, sans moi, c’est contre moi». Interview

Midi : Vous avez réalisé environ 45 projets à Madagascar, dans les quatre coins de la grande Ile et parfois dans des endroits éloignés et complètement isolés. Avez-vous une raison particulière pour les avoir faits ?
Dr Collin : Effectivement, je constate que l’aide humanitaire s’arrête dans la capitale. Mais comme Paris n’est pas la France, Tananarive n’est pas Madagascar. Aussi je parcours (en taxi-brousse) le pays qui est bien grand. Je rencontre des personnes exceptionnelles qui se dévouent pour les plus pauvres et qui sont peu médiatiques. J’ai d’autant plus de plaisir à les aider. Je pense notamment au Père Vincent Carme qui a créé le centre d’ handicapés de Tanjomoha à Vohipeno, au Père Emeric, et à beaucoup d’autres. Je n’engage des actions à Madagascar depuis 1998 que pour les personnes les plus faibles et les plus démunies: Les enfants, les personnes âgées, les handicapés, les malades mentaux, les aveugles et les prisonniers.
Midi : Est-ce que vos actions ont réellement amélioré la vie des gens et ont fait naître «l’étincelle d’espoir » que vous souhaitez ?
Dr Collin
 : Je pense réellement que nos projets qui répondaient à un besoin et à une demande ont apporté de l’espoir. Ça se voyait d’ailleurs dans leurs yeux.
Midi : Quel est le projet qui vous a vraiment marqué à Madagascar et pourquoi ?
Dr Collin : Pour moi, en tant que médecin, ce sont les projets qui apportent l’eau potable et l’assainissement à une communauté. Près de 80% des maladies dans les populations du Sud sont dues à la consommation d’eaux polluées. L’eau potable c’est la vie. Plus que la médecine, plus que les médicaments, c’est l’hygiène, l’apport en eau potable et l’assainissement qui ont fait faire des progrès notables à la santé.
Midi : Comment faites-vous  pour financer  les projets ? Les bailleurs vous posent-ils des conditions ?
Dr Collin : Les 45 projets réalisés à Madagascar représentant une somme de 1 400 000 Dollars, ont été financés par les Rotary de France avec l’aide de nos amis rotariens de «la grande Ile», notamment d’Ivato et de Tsimbaroa;  et aussi avec mon association «Santé et Développement».  Site: www.santedev.fr
Effectivement, tous les projets ne sont pas éligibles. Par exemple, nous ne pouvons pas faire de constructions ou de rénovation.

Midi : Que souhaitez-vous à Madagascar aujourd’hui  pour que la souffrance des gens   diminue ?
Dr Collin: L’économie est otage de la politique. «Quand les gros maigrissent, les maigres meurent». La pauvreté est grande, mais le pays est beau et j’aime la gentillesse des Malgaches.
J’aime la devise de François Varillon: «Une main sur la souffrance des hommes; une main sur la beauté du monde ; et les deux pieds dans le devoir du moment présent». Je pense qu’il faut améliorer le quotidien des gens. il faut s’intéresser à eux. Ne pas s’habituer à leur misère. Dans «habituer», il y a «tuer». Le contraire de l’amour ce n’est pas la haine, c’est l’indifférence.
Il faut faire partout des écoles professionnelles, comme l’atelier de mécanique auto que nous avons contribué de réaliser à l’école Don Bosco à Ivato. Ces jeunes  pourront être utiles à leur pays. Tous ne peuvent pas aller à l’université ! Il faut aussi valoriser l’arbre. Il ne faut plus brûler de forêt.  Chateaubriand disait « les forêts ont précédé les civilisations; les déserts suivent leur destruction». «La terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants» disait Saint-Exupéry. Essayons de leur laisser une terre qui leur assure la permanence d’une vie authentiquement humaine.

Extrait Midi Madagasikara – vendredi 10 décembre 2010

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