Actus Madagascar 15 novembre 2011

Région – Anosy : Voyage au bout du Sud profond

Prendre le taxi-brousse dans la partie sud de la Grande île mérite le … déplacement. Les passagers endurent un voyage à la limite de l’humainement supportable...

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Prendre le taxi-brousse dans la partie sud de la Grande île mérite le … déplacement. Les passagers endurent un voyage à la limite de l’humainement supportable. Ce n’est pas de l’aventure, mais le vécu habituel des gens de la région.

Dans un véritable poulailler. Le taxi-brousse embarque près d’une centaine de passagers. Neuf personnes sont assises par rangée. Il n’y a pas de couloir pour circuler, ni un peu d’espace pour tourner à gauche ou à droite de soi : vous êtes condamné à garder une position fixe, ou presque, une fois dans le gros véhicule. Le moindre espace est précieux pour caser une personne ou un bagage.
En fait, le taxi-brousse est un camion, avec des ridelles, mais transformé pour transporter des gens et des marchandises. Sur la benne sont aménagées des banquettes pour que les voyageurs puissent jouir d’un confort vraiment tout à fait relatif. 
Alors, ce n’est pas pour rien si les gens de l’Anosy et de l’Androy-Atsimo surnomment leurs taxis-brousse par l’expression, ô combien imagée, « valam-bakisiny ». C’est-à-dire, un couloir étroit, fait de bois ronds, par lequel les bœufs passent à la file pour être vaccinés.
Une fois embarqué et en route, pas question de solliciter un arrêt individuel pour satisfaire un besoin naturel. Il faut attendre que d’autres en ont envie pour que le chauffeur daigne considérer la demande. Il a quand même un horaire à respecter, non ?! Surtout si celui ou celle qui veut sortir se trouve à l’intérieur du taxi-brousse, loin de l’issue de sortie. 
Car, il faut que les autres sortent aussi pour qu’il (ou elle) puisse s’extirper, à moins de marcher sur les genoux des autres voyageurs ne voulant pas prendre l’air pendant la pause accordée par le chauffeur. Dans un certain sens, ce dernier a raison de ne pas s’arrêter à tout bout de champ, car au moins une demi-heure pour descendre et pour rembarquer.
À l’intérieur du « valam-bakisiny », les voyageurs sont solidaires, au sens premier de cet adjectif, les uns dépendant des autres. Tout est partagé, même les mauvaises odeurs. 
Ainsi, les bébés font leur besoin, suffoquant les passagers. Mais les mamans n’ont pas le choix puisqu’il faut bien changer la couche, avec la chaleur, la sueur et l’odeur corporelle d’une centaine de voyageurs rendent l’intérieur du véhicule difficilement respirables. En prime, les crachats de tabac à chiquer sont expulsés sur les coins de banquette.
Lamentable
Au-dessus des têtes sont placés des couvertures et des paniers chargés d’objets et de marchandises hétéroclites. Ils peuvent tomber à n’importe quel moment sur votre tête ou sur vos genoux.
Il n’y a pas que des voyageurs à l’intérieur du « valam-bakisiny ». On ne trouve plus d’espace où mettre les pieds, parce que des sacs de riz, de manioc ou de charbon qu’on n’a pas pu placer sur le toit du taxi-brousse sont entassés sous les banquettes, en compagnie des volailles.
En définitive, c’est tellement serré et bondé que certains passagers sont obligés de se tenir avec les genoux en position haute, ou la tête courbée. 
Mais, les taxis-brousse du Sud profond sont aussi démocratiques. Par exemple, tout le monde les prend pour aller de Tolagnaro à Toliara, un trajet long d’environ 620 km, moyennant Ar 30 000. Ainsi, un chef de district de la région voyage en « valam-bakisiny » pour raison de sécurité. Il n’est pas recommandé de circuler en solitaire, en voiture ou en moto, à cause des dahalo.
Avec l’état lamentable de la route, le trajet Tolagnaro-Toliara est effectué en quatre jours en cette saison sèche, plus en période de pluies. Un véhicule s’enlise facilement sur la chaussée sablonneuse, et tous les hommes à bord doivent alors pousser pour dégager le taxi-brousse du piège.
Et dire que souvent, des personnes malades sont évacuées vers l’hôpital par le « valam-bakisiny ».
« Nous faisons partie de ce qu’on appelle les oubliés des gens du pouvoir. C’est toujours ainsi que nous vivons habituellement. Mais que faire ? Nous n’avons que deux choix : monter là-dessus ou faire le voyage à pied », se plaint Anaïs Meltine Miavotse, mère d’un nouveau-né ayant fait le voyage de Tolagnaro à Toliara. 

Le privé en public
Une centaine de personnes avec les volailles, se trouvant dans une même endroit confiné presque saturé, ne peut être que le clou du spectacle. Certains tournent le dos pour partager une discussion avec autrui assis derrière, alors que les uns sont déjà collés aux autres. 
D’autres sont au téléphone pendant des minutes avec des gestes gênants, comme le fait de lever le coude pour pouvoir tenir le téléphone portable. 
Pire, vu qu’on est sur une route secondaire, l’on ne peut qu’élever la voix et même si la conversation est privée, tout le monde l’entend. Il y a bien sûr ceux qui essayent de trouver un sommeil presque impossible, faisant office d’oreillers les mains. 
En général, le voyage est animé, chacun peut faire ce qu’il a envie de faire. L’objectif est de terminer le voyage.

Extrait l’Express de Madagascar – Mardi 15 novembre 2011

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