Histoire 10 février 2012

Notes du passé – Une « trano bongo » dans les rizières

Une étude réalisée par Gérald Donque, maître assistant à l’Université de Madagascar, évoque les conditions de vie dans la capitale.À l’époque, hormis les immeubles collectifs et autres cités, les maisons, villas et buildings modernes, très abondants dans le centre et certains quartiers d’affaires ou résidentiels, l’habitat traditionnel se voit un peu partout.Selon l’auteur il relève […]

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Une étude réalisée par Gérald Donque, maître assistant à l’Université de Madagascar, évoque les conditions de vie dans la capitale.
À l’époque, hormis les immeubles collectifs et autres cités, les maisons, villas et buildings modernes, très abondants dans le centre et certains quartiers d’affaires ou résidentiels, l’habitat traditionnel se voit un peu partout.
Selon l’auteur il relève de trois catégories de maisons.
Il y a d’abord « l’habitat précaire des digues et des rizières ». À quelques centimètres au-dessus de la nappe d’eau des rizières, sont construites les « trano bongo ». 
Ce sont de simples constructions de torchis aux parois faites de boue armée de roseaux. Leur toit, de
« zozoro » (roseau) également, « engendre une abondante végétation adventice » en pourrissant sous la pluie. Dans une étroite et unique pièce, vivent cinq ou six personnes, voire plus, « dans des conditions d’insalubrité que l’on peut imaginer ».
Selon Gérald Donque, la « trano bongo », véritable taudis, caractérise la zone suburbaine d’Antananarivo, « son auréole de l’ouest et du nord de la commune ». « Ses habitants sont généralement des métayers riziculteurs vivant dans un état de dénuement total ».
Il y a ensuite la case malgache, faite de pisé qui se rencontre surtout vers la périphérie de la ville, dans sa zone semi-rurale, mais aussi dans de nombreux quartiers proches de la capitale. « Fréquemment sur les digues, elle alterne avec le type précédent pour créer de longues rangées de maisons alignées au-dessus d’une eau croupissante ».
En général, situées au milieu d’une courette où sont élevées des volailles, elle est à simple rez-de-chaussée avec des murs d’argile crépis de rouge, « vite lézardés et affaissés sous l’action des pluies », et couverte d’un toit de chaume, quelquefois de tôles. Elle n’a aussi qu’une pièce unique, la cuisine étant dans la cour. L’électricité et l’eau courante sont des luxes inaccessibles pour des ménages toujours à nombreuse progéniture.
« Femmes et enfants vont se ravitailler à la fontaine publique. La lessive ainsi que les soins élémentaires de toilette ont lieu, dans le meilleur des cas, dans une cuvette ».
Il y a enfin la maison traditionnelle de briques, « plus spécifiquement urbaine ». 
La forme de ce genre de bâtiment découle d’une pratique défensive qui a consisté à se tenir à l’étage pendant la nuit pour se soustraire aux vols. 
« Pour mieux avantager sa position, on retirait l’échelle qui desservait le premier niveau. Ce fait explique le gabarit souvent étroit et haut de ce type de maison ».
Cette forme primitive évolue sous l’influence européenne. Elle s’agrémente d’une varangue, s’équipe sous la forme d’une construction à rez-de-chaussée et à étage, carrée ou rectangulaire, à toit de tuiles plates.
« Le plan conçu sur celui du cottage anglais, dispose de deux ou trois pièces au rez-de-chaussée et autant à l’étage ». Sur la façade principale s’ouvre la varangue soutenue par des piliers de bois ou de briques. Quelquefois une cour ou un jardin entoure l’habitation et souvent la cuisine continue de se faire en plein air.
La matière première de la construction de ce type de maison est tirée de la rizière. Celle-ci, louée par son propriétaire à un briquetier, fournit sous la couche d’alluvions la « tany manga », argile bleutée. Elle est moulée dans un cadre parallélépipédique, mouillée et saupoudrée de sable.
Après démoulage, les briques sèchent quelques jours sur une aire sablée, puis elles sont empilées en un édifice quadrangulaire à l’intérieur duquel un espace est laissé libre pour servir de foyer. Le combustible utilisé est la tourbe, tirée elle aussi de la rizière. La cuisson dure douze à quinze jours.

Extrait l’Express de Madagascar – Vendredi 10 février 2012

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