Histoire 14 janvier 2012

Notes du passé – Un homme d’ordre et de discipline dans l’île

Dès son arrivée à Madagascar le 15 juin 1939, le gouverneur général de Coppet annonce la couleur: défense nationale pour les Français, travail pour les Mal­gaches afin de « préserver la liberté ».

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Dès son arrivée à Madagascar le 15 juin 1939, le gouverneur général de Coppet annonce la couleur: défense nationale pour les Français, travail pour les Mal­gaches afin de « préserver la liberté ». À cette époque, Antana­narivo au fait des évènements mondiaux, attend cette arrivée avec impatience. 30 000 personnes à majorité malgache, véritable marée humaine, sont mobilisées pour accueillir ce « raiamandreny » puisque « ce serait commettre un sacrilège que de manquer aux devoirs  qui s’imposent envers lui, et même la seule indifférence à son égard n’est pas admise par la tradition »  (chroniqueur de la Revue de Madagas­car, juillet 1939). Et d’après notre reporter, l’impatience et la joie se lisent sur tous les visages- et sans doute aussi la curiosité- de voir de Coppet qui est « l’objet d’indescriptibles ovations ». Gouverneur général qui est « très visiblement ému par l’enthousiasme de cette foule délirante qui l’acclame frénétiquement et à laquelle il ne cesse de répondre majestueusement ». À noter cependant que tous les nouveaux chefs de la Colonie sont ainsi accueillis dans la capitale !
C’est à la Résidence au cours d’une réception qui suit cet accueil populaire « délirant » qu’il présente ce qu’il appelle ses deux programmes à courte et longue échéances. « Bien qu’un gouverneur, simple agent d’exécution, n’ait d’autre politique que celle du gouvernement qu’il représente, j’ai en vue deux programmes, deux plans d’action ».
Le premier se résume en deux mots: défense nationale. « Dans les circonstances si graves que traverse le monde en présence des convoitises dont notre empire colonial est l’objet, tout Français qu’il soit en France ou d’Outremer, a pour premier devoir de défendre son pays ». Plus précisément, le sol où il est né, celui qu’il met en valeur pour défendre ses biens qu’il a conquis par son travail. « Par dessus tout, il doit défendre sa liberté car il n’échappe à personne aujourd’hui qu’une défaite serait pour nous l’esclavage ».
Dans ce programme, de Coppet prévoit la mise en place d’une armée coloniale, souci « cardinal » de ceux qui détiennent le moindre pouvoir. De leur côté, les habitants doivent concourir à cette défense par son travail. Car travailler c’est produire davantage. L’autre programme « de réalisation plus lointaine (…) en toute vérité je vous avouerai que je n’en sais rien ».
De Coppet a déjà passé trois ans à Antananarivo, trente ans plus tôt. « Trente ans de fécond labeur pour les Français en faveur de la Grande île, dont les manifestations actuelles si diverses m’ont émer­veillé », précise-t-il. Il faut reconnaître que ces trois années passées à Madagascar dans sa jeunesse l’ont incité à suivre l’évolution du pays à travers les livres, la réglementation, les expositions, les photographies et même les films. 
« Mais rien ne remplace l’expérience directe, le contact avec la terre, l’atmosphère, la vie d’un pays… ». 
Et ce, pour apprendre à nouveau le pays, pour tout voir, tout entendre afin de dresser ce programme à long terme comme tout bon gouverneur qui se respecte. Et encore, il compte dresser ce plan d’actions avec la collaboration des « divers peuples » qui composent la Grande île car « il doit s’efforcer de réaliser l’harmonie entre ces éléments ».
Cependant, il avertit qu’il prendra toute décision que lui dicteront les circonstances et l’intérêt général du pays. Fort de ses trente-cinq ans d’expérience coloniale, notamment en Afrique où il a rempli toutes les fonctions que l’on peut confier à un administrateur du plus bas au plus haut de l’échelle, il se déclare « homme de métier». Et surtout « homme d’ordre et de discipline ». Il lance alors un avertissement sévère à l’encontre de « ceux qui seraient tentés de troubler cet ordre, d’enfreindre cette discipline à la loi, aux règlements ».
Et d’expliquer sa conception de la discipline: « Sans la discipline, il n’y a ni liberté, ni progrès possible, ni pour un homme, ni pour un pays. Quiconque enfreindrait cette discipline sociale nécessaire, serait étonné de la rapidité et de la rigueur des décisions que je ne manquerais pas de prendre à son égard ». Pour terminer, il indique la signification qu’il donne à la « formule touchante » de « raiamandreny ». « Il veut dire d’une part, fermeté et de l’autre, bienveillance, et je m’efforcerai de l’appliquer ainsi ».

Extrait l’Express de Madagascar – Samedi 14 janvier 2012

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