Actus Madagascar 29 juin 2012

Notes du passé – Les Portugais à la découverte de la Matitanana

Le port de Matitanana, en pays antemoro, est découvert en 1506 par les Portugais, comme ils l’affirment eux-mêmes...

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Le port de Matitanana, en pays antemoro, est découvert en 1506 par les Portugais, comme ils l’affirment eux-mêmes. D’après le chroniqueur de Barros, en effet, l’expédition de Ruy Pereira part de Lisbonne le 4 avril 1506 pour rejoindre le capitaine Tristan d’Acunha au Mozambique. Mais comme il y a toujours des tempêtes aux alentours de Madagascar, la flotte se sépare et chaque navire prend sa course jusqu’à ce qu’ils puissent se réunir à nouveau, arrivés à destination.
Pour sa part, Ruy Pereira s’en va « à la pointe de l’île de Sao Lourenço (Saint-Laurent ou Madagascar), en un port appelé Matatana ». En arrivant en ce lieu situé à l’embouchure d’une rivière, il voit venir à lui une pirogue à voiles portant 18 hommes qui montent à bord sans crainte.
« Quelques-uns d’entre eux portaient des bracelets d’argent. Personne ne pouvant interpréter leur langage, ils firent comprendre par signes qu’il y avait dans l’île beaucoup de métal ainsi que du clou de girofle et du gingembre, dont ils montrèrent des échantillons avec toutes sortes d’autres choses encore ».
Ruy Pereira veut vérifier la véracité de ces dires et décide deux autochtones à en donner la preuve à Tristan d’Acunha. Et d’ailleurs, un Maure appelé Bogima qui a déjà été à Matitanana, lui confirme « que du gingembre, on pourrait en charger des navires entiers ».
Comme des relations existent déjà entre Matitanana et la côte africaine, les deux Malgaches les suivent sans appréhension. Plus tard, ils seront conduits à Lisbonne, devenant ainsi les premiers Malgaches à faire ce voyage. Mais l’histoire ne dit pas s’ils reviennent au pays ou non.
En tout cas, les habitants de Matitanana sont très bien disposés à l’égard des navigateurs étrangers « surtout lorsqu’ils les croyaient d’origine arabe » (H.C. Hebert, magistrat-ethnologue).
Au printemps 1507, Joao Gomes revient à Matitanana par le Nord de la Grande île sans Ruy Pereira, car le navire de ce dernier s’est brisé sur un banc de corail, en voulant franchir le cap d’Ambre malgré les vents contraires. Gomes fait d’abord descendre son maître d’équipage dans une des pirogues malgaches venues rendre visite au bateau « pour décider les nègres à monter à bord » (le chroniqueur Castandeha).
Le maître d’équipage est choisi comme interprète, car « il savait l’arabe ». Dès qu’il est à bord d’une des pirogues, les Malgaches le conduisent à terre, « à force de rames ». Ils le ramènent bientôt, « attifé à la mode du pays d’un pagne de coton, avec au cou une lourde chaîne d’argent du poids de 30 cruzados. Aux bras, on lui avait mis des anneaux de cuivre et aux doigts des anneaux d’argent. Le maître d’équipage rapporta à son capitaine que tout cela lui avait été donné par le roi chez qui on l’avait conduit et qui lui avait témoigné beaucoup d’amitié… »
De toute évidence, les Antemoro le prennent pour un Arabe. Le lendemain, Joao Gomes vient rendre visite au roi. Mais une forte tempête s’élève alors qu’il reste à terre et, craignant d’être drossé à la côte, l’équipage du navire l’abandonne à son triste sort. À terre, le roi ne cesse de lui manifester sa sympathie, mais il tombe malade et meurt, ainsi que huit des hommes qui l’ont accompagné. Les 13 autres peuvent regagner le Mozambique sur une chaloupe aménagée.
En 1508, le roi du Portugal charge Lopez de Sequeira d’explorer l’île de Saint-Laurent. Il y séjourne d’août 1508 à février-mars 1509, explorant toute la côte Est, du cap Karimbola au Nord, au cap Natal au Sud. Il découvre ainsi la baie de Tarouaya (Tolagnaro), visite Matitanana…
Les renseignements rapportés engagent, par la suite, les Portugais à fonder un établissement à Matitanana. Cette mission est confiée à Luis Figueira et Pedro Ares dit le Français qui partent de Lisbonne le 11 juin 1514.
Le premier arrive à Matitanana où il s’établit et crée un fortin. Mais en butte aux assauts des populations locales et sans cesse exposé au pillage, il abandonne le fortin six mois plus tard, en juin 1515. Le second, après avoir exploré toute la côte orientale, découvre le port de Bemaro (Vohémar) où il peut acheter « beaucoup d’ambre » et revient au Mozambique.

Extrait l’Express de Madagascar – Vendredi 29 juin 2012

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