Histoire 20 mars 2010

Notes du passé – Les murs de la vieille cité explosent

Antananarivo s’agrandit considérablement sous le règne de Radama 1er. Les troupes qui forment l’armée de métier organisée par le roi,...

Partager
  • Article précédent
  • Article suivant

Antananarivo s’agrandit considérablement sous le règne de Radama 1er. Les troupes qui forment l’armée de métier organisée par le roi, 12 à 15 000 hommes s’installent dans la cité et les villages de banlieue avec femmes, enfants et esclaves. De plus, l’industrie de l’armement développée du fait des guerres, amène tout un peuple de forgerons, armuriers et artisans du fer qui se groupent à Amparibe autour de l’atelier de l’Anglais Chick.
Ne pouvant plus contenir l’afflux de la population, Radama fait éclater la vieille cité d’Analamanga en ouvrant une brèche dans les remparts au nord-ouest, à Ambatovinaky (à la roche brisée). C’est alors que s’édifie le faubourg d’Ambatonakanga (la pierre aux pintades) là où il n’y a eu autrefois que des champs de manioc, refuge fréquenté par ces volatiles. De cette manière et par sa volonté, l’extension de la ville prend déjà sa nouvelle orientation vers l’ouest.
Radama prévoit également l’avantage qu’il y aura à s’installer dans la plaine. Tout en faisant agrandir le Rova, il décide de se faire construire un palais, le premier de sa dynastie à Soanierana. Et pour sa convenance personnelle, il aménage au pied du promontoire d’Isotry, le lac artificiel d’Anosy. Lac qui semble l’élément indispensable d’une capitale imérinienne: l’île au centre servira de dépôt de munitions et peut-être de poudrerie…
Pour nourrir les quelque 30 à 35 000 habitants, 5 à 600 ha dans la plaine du Betsimitatatra sont mis en valeur. C’est encore Radama qui fait creuser le canal d’Ivanga qui porte son nom, alimenté par les eaux du lac de Mahazoarivo au sud-est, et ayant comme réservoir le lac Anosy après être passé par Mahamasina.
En même temps, acquis aux idées et au goût occidentaux, le roi abandonne le lamba traditionnel pour le costume européen. « Il avait la mise recherchée de nos fashionables. À son imitation, ses officiers, les honneurs, adoptent la redingote rouge de l’armée anglaise. Ils font venir d’Europe des pendules, des boîtes à musique, des tissus, de l’ameublement, de l’argenterie… Beaucoup de choses ont changé dans le vieux Tananarive. Il y a beaucoup d’innovations, beaucoup trop, sans doute! ». Car Radama meurt prématurément à 36 ans et sa femme et cousine germaine, la princesse Ramavo, hérite du pouvoir sous le nom de Ranavalona 1ère. Elle règnera pendant un tiers de siècle (1828-1861).
Sous la pression des traditionnalistes, des devins et des sorciers inquiets des progrès de la civilisation et surtout du christianisme, elle prend rapidement une attitude hostile aux Européens et à leurs innovations, car il lui semble que leur fréquentation et leurs apports « lui rendent ses sujets déloyaux ». Elle arrivera à fermer complètement Antananarivo à l’influence européenne. « En arrêtant l’évolution, son règne marquera une régression ». Elle tolère sinon favorise la traite des esclaves pour rompre avec les décisions de son mari défunt.
Pourtant au début de son règne, elle veille elle-même au maintien des écoles et à leur développement. Mais bien vite, elle constate à certains symptômes que son autorité va être ébranlée et que l’ingérence des Européens risque de mettre un terme à l’indépendance. Sa réaction est violente et elle fait montre « d’autorité, de cruauté et de volonté inflexible » qui se traduisent surtout par les persécutions contre les chrétiens: « À Faravohitra, le bûcher est allumé; à Ambohipotsy, on massacre à coups de sagaie; à Fiadanana, on lapide; à Ampamarinana, on précipite les suppliciés ».
Toutefois, c’est une erreur de croire que Ranavalona 1ère condamne sans restriction tout ce qui est européen. Certains grands personnages, diverses industries et maintes réalisations qui viennent d’Europe sont très appréciés sous son règne à son initiative et à son exemple. Mais elle fait en sorte de réserver le « modernisme » à une élite; le peuple est tenu à l’écart quand il n’a pas à pâtir des innovations sous forme de corvées épuisantes: palais et usines coûtent cher à la population corvéable d’Antananarivo.
Durant cette période, la ville doit aussi beaucoup à Jean Laborde, conseiller et agent de Ranavalona 1ère, dans un domaine riche d’activités et de résultats.

Extrait l’Express de Madagascar – Edition n° 4568 du 19-03-2010

Partager

Ajouter un commentaire

Demande d’information et de tarif des vols par email ou téléphone

N’hésitez pas à nous écrire, ou à nous appeler de 9h30 à 19h,
du lundi au vendredi et le samedi de 11h à 17h.