Actus Madagascar 15 avril 2011

Notes du passé – Le programme agricole d’Andrianampoinimerina

Pendant deux siècles, le mont Analamanga (1468 m) exerce une singulière attraction sur les Merina et des luttes acharnées sont livrées pour sa possession. Le premier Européen qui aurait visité Antananarivo, le Français Mayeur qui y arrive en 1777, écrit: « Les Européens qui fréquentent les côtes de Madagascar, auront de la peine à croire ...

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Pendant deux siècles, le mont Analamanga (1468 m) exerce une singulière attraction sur les Merina et des luttes acharnées sont livrées pour sa possession.

Le premier Européen qui aurait visité Antananarivo, le Français Mayeur qui y arrive en 1777, écrit: « Les Européens qui fréquentent les côtes de Madagascar, auront de la peine à croire qu’au centre de l’île à 30 lieues de la mer, dans un pays jusqu’à présent inconnu qu’entourent des peuplades brutes et sauvages, il y a plus de lumière, plus d’industrie, une police plus active que sur les côtes… Aucune peuplade de Madagascar n’a autant d’intelligence naturelle, ni autant d’aptitude au travail… »

Quatre-vingt-dix ans après la division en quatre du royaume par Andriamasinavalona, Antananarivo retrouvera son unité et son rôle de premier plan. En effet, en 1787, la principauté d’Ambohimanga échoit au jeune prince Ramboasalama, « le chien vigoureux », que force prédictions annoncent comme un grand roi. Sachant qu’il porte « la bénédiction heureuse de ses ancêtres », il entreprend d’imposer son autorité en vue d’unifier l’Emyrne.

Doué « d’une intelligence supérieure au service d’une active énergie » (Urbain-Faurec), équitable et bienfaisant vis-à-vis de son peuple, Andrianampoinimerina, « le Seigneur au cœur de l’Imerina » entreprend la conquête de la cité. N’ayant pas réussi par le moyen pacifique d’un mariage avec la fille du souverain rival, il fait donner l’assaut à la ville. Mais les guerriers d’Ambohimanga qui y pénètrent, doivent l’évacuer précipitamment pour échapper à l’épidémie de petite vérole qui la ravage.

Antananarivo n’est prise qu’en 1794, à la troisième tentative. Le succès de l’assaut final aurait amené le roi à prononcer ces paroles de sage politique: « Ne pillez que les poulets; le royaume est à moi et tous les Merina sont mes enfants ». Il renoue aussi avec la tradition d’unité et de grandeur du royaume merina légué par l’ancêtre Andrianjaka à ses successeurs: « Le Rova est au centre d’Antananarivo et Antananarivo est au centre de l’Imerina; il faut que l’Imerina devienne le centre d’un royaume immense qui n’aurait de limite que la mer. »

« La restauration de la monarchie merina date de la prise d’Antananarivo, dont la deuxième fondation par Andrianampoinimerina marque la fin des luttes intestines avec le rétablissement de l’unité des Hauts-plateaux ». Tous les clans sont soumis et les fiefs annexés, la guerre est portée ailleurs jusqu’à ce que la paix soit solidement assise. Alors ce grand roi « illettré mais génial » répète dans ses nombreux kabary, son programme qui ramène son peuple à la terre et se résume en lutte contre la famine. « Les guerres sont finies, le pays est pacifié… et d’ailleurs, tant qu’il y aura des hommes dans mon royaume, je ne crains aucun être vivant… Mon seul ennemi, c’est la famine et celui qui ne travaille point, pactise avec l’ennemi et lui ouvre les portes du pays… ». Ou encore: « Plantez du riz et mettez beaucoup de fumier; plantez aussi du manioc, des patates, du maïs… Les racines du manioc sont les colonnes de mon empire, ce sont mes soldats dans la bataille contre la famine… ». Sinon: « Si un homme veut changer de champ, c’est un prétexte pour ne rien faire; tous les champs de mon royaume se valent; les Merina sont des œufs qui ne doivent pas changer de couveuse… ».

Il institue une organisation toute militaire de l’agriculture qui affermit sa domination: il installe dans la ville 1 000 soldats dans les principaux clans du Nord (Ambohimanga, Ilafy, Ambohidrabiby) qu’il regroupe sous le nom des Voromahery (Faucons). Cinq postes de surveillance de 100 hommes servent de bastions avancés à la ville. Pour satisfaire les besoins d’une population accrue par l’afflux de ces colons, le souverain reprend les travaux de mise en valeur de la plaine de Betsimitatatra délaissée par les luttes civiles. Le grand marché du vendredi, le Zoma (du mot arabe Djemaa, assemblée) est transporté aux abords immédiats de la ville pour bénéficier de la sécurité et des immunités royales.

Extrait l’Express de Madagascar – Vendredi 15 avril 2011

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