Histoire 16 avril 2010

Notes du passé – Des Vazimba de l’Est aux Hova du Centre

Entre Vazimba et Hova quel est le rapport? C’est la question que se posent bon nombre d’historiens dans la première moitié du XXe siècle...

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Entre Vazimba et Hova quel est le rapport? C’est la question que se posent bon nombre d’historiens dans la première moitié du
XXe siècle. Traditions et textes s’accordent à établir que les Vazimba sont les premiers habitants de l’Imerina où l’ensemble de la population portera plus tard le nom ethnique de Hova.
Mais le problème se serait compliqué avec le fait « qu’il existe dans l’Ouest de Madagascar des groupes humains primitifs qui descendraient des Vazimba ou leur seraient apparentés » (Edouard Ralaimihoatra, 1948). De même Drury dans de vagues assertions et d’autres auteurs après lui considèrent les Vazimba et les Hova comme deux races distinctes. Grandidier, lui, atténue son opinion en précisant que les Hova sont issus du croisement entre Vazimba et Javanais.
Toutefois, si l’on s’appuie sur le « Tantara ny Andriana eto Madagascar » du RP Callet, la population de l’Imerina ne présente aucune discontinuité. « Le nom d’Andriamanelo n’est ni plus javanais ni moins vazimba que celui, par exemple, d’Andrianoranorana dont l’origine purement vazimba n’est l’objet d’aucune discussion » (E. Ralaimihoatra).
En fait, les partisans de la distinction ethnique entre les Vazimba et les Hova sont très impressionnés par le changement politique qui, au XVIe siècle, est « la substitution de l’ordre à l’anarchie » avec d’après eux, la disparition des Vazimba devant les Hova. Rusillon et Julien notamment, rapprochent les Vazimba malgaches aux Vazimba africains (Zanzibar) et attribuent aux Hova une origine orientale. Or plus tard, on s’accorde à affirmer que de tout temps, le canal de Mozambique est une barrière maritime entre l’Afrique et Madagascar et l’histoire abonde dans le sens des premières installations vazimba sur la côte Est.
Le RP Malzac dans son ouvrage sur le Royaume hova, et Guillain établissent que si les Hova sont les premiers immigrants malais arrivés dans l’île, les Vazimba en sont les aborigènes. « L’époque vazimba est celle où un grand nombre de roitelets se partageaient l’Imerina; l’époque hova correspond aux premières tentatives de regroupement politique ». C’est dire que les deux termes n’auraient pas un sens ethnique mais historique.
Cependant, Malzac n’explique pas par quel processus de langage ou autre, le terme hova se substitue à celui de vazimba, « nom originel de la population primitive de l’Imerina». D’après E. Ralaimihoatra, cette population est « radicalement la même » comme l’atteste la généalogie des souverains et parce que les envahisseurs de ce pays vers le Xe siècle « étaient des Vazimba stationnés sur la côte Est depuis plusieurs siècles ». Ce qui n’exclut pas l’apport de sang nouveau à différentes époques et ainsi l’acquisition de nouveaux caractères anthropologiques.
Pour sa part, l’explorateur hollandais Van der Steel (« Relations de Java », 1645) signale la dispersion passée dans l’océan Indien d’une race javanaise nommée Vazimba. « Ce qui est plus conforme aux idées générales sur l’origine malayo-polynésienne des Malgaches, en particulier des Hova ».
E. Ralaimihoatra explique le changement d’appellation de Vazimba à Hova par la situation géographique de l’Imerina, au cœur du pays: « Ankobatany » ou « Ankovatany ». Il fait un rapprochement entre le sens géographique « ankova » et le sens ethnographique « hova ». « Au surplus, cet exemple de changement de sens n’est pas unique à Madagascar où dans plusieurs cas, l’habitant tire son nom ethnique de l’emplacement ou des caractères géographiques du pays qu’il occupe: Sakalava, Tanala, Antemoro, Tanosy…»
L’histoire fournit du reste le processus de ce changement de nom. Pour Callet, les Vazimba sont d’abord une race côtière, principalement dans les environs de la baie d’Antongil. Lorsque leurs voisins, inquiets de leur accroissement et de leur évolution, entrent en lutte avec eux, ils sont malmenés et pourchassés. Ils prennent alors le parti d’émigrer, certains en franchissant le seuil de l’Androna par Mandritsara pour gagner la région occidentale où ils ne sont pas plus heureux avec les Sakalava.
Mais la plus grande masse des Vazimba se réfugie dans le centre montagneux, « région alors inhabitée, inexplorée ». Cette infiltration se placerait selon Malzac du Xe au XIIe siècle. C’est au cours de cette aventure que les Vazimba perdent leur cohésion et oublient peu à peu leur nom ethnique.

Extrait l’Express de Madagascar – Edition n° 4590 du 16-04-2010

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