Actus Madagascar 26 mai 2012

Magazine – Musique : Le «bàgasy» en quête de relève

En plein festival Gilita be, les enjeux de la préservation du bàgasy, patrimoine musical, se trouvent au cœur des préoccupations. Retour sur son histoire et son évolution...

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En plein festival Gilita be, les enjeux de la préservation du bàgasy, patrimoine musical, se trouvent au cœur des préoccupations. Retour sur son histoire et son évolution.

Le style bàgasy à la guitare est une tradition qui se perpétue. Il attire la jeunesse d’aujourd’hui et fait de plus en plus d’adeptes depuis quelques années. Avec l’arrivée du folk dans le paysage musical dans les années 70, un autre genre émerge, celui qui associe folk et bàgasy. D’ailleurs, le festival de guitares folk et bàgasy, organisé cet après-midi au Palais des Sports Mahamasina, témoigne de ce vivier de musiciens attachés à la tradition mais résolument tournés vers l’avenir.
« Le bàgasy à la guitare remonte aux années de Randrianarivelo, Paul Ratianarivo connu sous le nom de Dadapôly, ou encore Charles Ranaivo. Au fait, le bàgasy était la musique jouée au piano au palais. Comme les musiciens des bas-quartiers n’avaient pas de piano, ils ont transcrit la musique à la guitare. C’est la naissance du bàgasy à la guitare », confie Kôlibera, Jean Colbert Ranaivoarison de son vrai nom.
Razilinah a aussi marqué cette époque. Il fut l’un des inspirateurs des futurs jeunes folkmen des années 70. Erick Manana a particulièrement choisi d’interpréter les œuvres de ce guitariste hors pair. Le premier spectacle du groupe Lôlô sy ny tariny en 1977 à Antsahamanitra a été d’ailleurs un hommage à l’auteur-compositeur et interprète, « Alavazomboana ho an-dRazilinah ».
Progressivement, le style s’affine, et d’autres groupes ont émergé. Rakotozanany Stanislas en était aussi un porte-parole. 
Qui ne connaît pas « Tao anatin’ny tolona », 
« Vazon-dRavalovotaka ou encore Ny hatanorana » Des chansons qui ont marqué toute une génération. Le groupe a sillonné tout Madagascar pour partager la magie du bàgasy joué autrement. Après le départ de Rakotozanany Stanislas du groupe pour fonder un autre, Sakelidalana est né et a perpétué la tradition.
Les années 70 ont vu souffler un vent nouveau. Le folk fait son entrée dans le paysage musical. Ce sont aussi les années de contestation mais qui ont ancré davantage la jeunesse dans la tradition. Soucieux de préserver le patrimoine bàgasy, les musiciens de l’époque s’étaient lancés dans un subtil mélange de styles. Mahaleo a initié le folk song dont les textes ont été bien servis par des compositions profondément nourries de sonorités traditionnelles.

Promotion à l’étranger

Dans le rang des chanteurs à textes, on ne se permet pas d’omettre les noms de Tselonina, de Lôlô sy ny tariny et d’Erick Manana. Ce dernier s’avère aujourd’hui l’ambassadeur par excellence du style en France, et même en Europe. Le groupe Feo gasy est venu dans les années 90 pour assurer le rayonnement du bàgasy à la guitare à l’étranger. Le groupe a participé à de nombreux festivals internationaux.
Malgré l’engouement des jeunes pour le bàgasy à la guitare, le style est en passe de se perdre avec l’impérialisme culturel qui s’impose. La maison de production M’Ritsoka envisage l’ouverture d’une école de guitare bàgasy, dans le but d’assurer la relève et de sauvegarder ce patrimoine musical. Kôlibera, dernier dépositaire de celui-ci, est pressenti à la tête d’une telle institution. La transmission se trouve aujourd’hui au cœur de la préoccupation des défenseurs de ce style musical.
« Au début de notre aventure, Feo gasy n’était pas destinée à se produire à Madagascar. Je l’ai créé pour qu’il participe à la promotion de la musique malgache à l’étranger. Mais nous nous sommes rendus compte que la jeune génération manque de références et qu’il est de notre devoir de partager avec elle cette passion pour le bàgasy en particulier, et pour la musique inspirée de la tradition en général », confie Erick Manana.
Le festival Gilita be, de son côté, essaie de raviver cette flamme pour le bàgasy. Son ambition consiste à rassembler d’un côté les défenseurs de ce patrimoine, mais de l’autre côté, le festival manifeste l’envie de l’organisateur à inviter le public, notamment la jeune génération, à le redécouvrir à travers un vaste répertoire qui reprend tous les incontournables du bàgasy à la guitare.

Extrait l’Express de Madagascar – Samedi 26 mai 2012

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