Actus Madagascar 03 octobre 2009

Notes du passé – Les grands patriotes vilipendés

Quand le service de renseignements militaires propose en 1896 au résident général de France Hippolyte Laroche une liste de présumés chefs des conjurés qui veulent «expulser les Français», celui-ci parle de «contraste énorme» et «d’étrangeté de la conspiration découverte». Il se fait l’avocat de certaines personnalités citées, mais prend aussi plaisir à éreinter la réputation ...

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Quand le service de renseignements militaires propose en 1896 au résident général de France Hippolyte Laroche une liste de présumés chefs des conjurés qui veulent «expulser les Français», celui-ci parle de «contraste énorme» et «d’étrangeté de la conspiration découverte». Il se fait l’avocat de certaines personnalités citées, mais prend aussi plaisir à éreinter la réputation des autres (lire notre précédente Note).
Aux noms de Rasanjy, Rakotomena et Rainianjalahy, s’ajoute celui de Jérôme Ralizy, interprète à la Résidence générale. Ancien élève des Jésuites dans l’ordre desquels il n’a pu entrer à cause de sa santé, il fait de brillantes études classiques. C’est un «humaniste distingué très versé dans les littératures grecque et latine».
Il lui revient d’initier le résident général français à la langue malgache. Emprisonné et menacé de mort ainsi que sa famille en septembre 1895 à cause de ses sympathies françaises, «il désire que nous restions à Madagascar». Et à cause de sa santé, il est hors d’état de sortir le soir pour participer à des réunions nocturnes quelconques. «Faire de lui un membre du comité directeur de l’insurrection, ce n’est pas seulement absurde, c’est burlesque».
Autre personnalité citée, Ramanankirahina 13 honneurs. Il s’agit d’un ancien élève de l’École d’architecture de Paris d’où il revient pour être attaché à la direction des travaux publics de Madagascar. «L’ingénieur des ponts et chaussées Wiart qui du matin au soir use de sa collaboration et qui répond de son dévouement, a cru que je plaisantais en lui faisant part de l’accusation portée contre lui».
Un autre grand personnage de la Cour cité dans la liste du Lt Peltier est Marc Rabibisoa. Ancien collègue de Rasanjy comme secrétaire du Premier ministre Rainilaiarivony, Hippolyte Laroche use de propos méprisants contre lui, l’accusant «d’improbité» et de «rapine». Précisant son idée, le résident général français s’explique : «Marc Rabibisoa ne conspire pas contre les Français; il intrigue simplement contre Rasanjy et contre les ministres malgaches qu’il aspire à remplacer». Il serait le candidat des Jésuites.
Un autre grand nom indiqué dans la liste des chefs des conjurés : Rainiketabao, 14 honneurs. Si le résident général français ne le connaît presque pas, en revanche le Dr Besson, résident de Fianarantsoa «en répond comme de lui-même». Opinion partagée par Alfred Courmes, administrateur délégué de la Compagnie française d’exploration et de colonisation.
L’ex-gouverneur d’Anorotsangana Rakotovao est aussi accusé. D’après Hippolyte Laroche, la succession de Rakotovoalavo, gouverneur général du Vonizongo tué avec ses officiers par les insurgés, a été très difficile et lourde à accepter. «Beaucoup de villages ont fait cause commune avec l’insurrection, la garnison d’Ambohipihaonana avec armes et bagages s’est jointe aux insurgés. Il faut beaucoup de courage et de mérite comme Rakotovao pour essayer de rétablir l’autorité gouvernementale dans cette région».
Le patriotisme des princes Ratsimamanga et Razafimanantsoa, oncles de Ranavalona III, est aussi bafoué par le résident général français. Selon lui, «ils ne présentent pas de garanties morales et ne trouvant pas sous le régime actuel certains avantages, certaines facilités dont ils usaient autrefois, ils ressentent assez vraisemblablement peu de sympathies pour l’occupation française». Il met toutefois un bémol à son antipathie en précisant «qu’a priori, il n’y aurait rien d’impossible à ce qu’ils souhaitassent la fin de l’occupation française; (mais) il ne suffit pas de leur supposer cet état d’esprit, il faudrait découvrir la trace de quelque manœuvre de leur part».
Il use de ce même a priori vis-à-vis de Ramiadana, sœur de lait de la reine, et de Razanakombana, ancien ministre des Lois emprisonné avec Rainilaiarivony à Tsarasaotra jusqu’au départ en exil de ce dernier. «Il faudrait fournir de leur culpabilité au moins un commencement de preuve».
Quant à Rajoelina, fils de l’ancien Premier ministre Rainilaiarivony, Hippolyte Laroche se déclare très surpris que son nom soit cité dans la liste des conjurés. «Telle n’est pas sa disposition d’esprit actuelle, et il pense à tout autre chose».

Extrait l’Express de Madagascar – Edition n° 4427 du 03-10-2009

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